La Montagne

A la poursuite des comètes

De tous les phénomènes célestes (en dehors de l’éclipse totale de Soleil), ce sont les comètes qui frappent le plus l’esprit des hommes. L’esprit le plus indifférent est étonné par leur singularité, leur rareté, leur côté imprévisible.

La plus célèbre est la comète de Halley, cette comète s’est, en effet, montrée vingt-six fois à la Terre, depuis l’an 12 avant notre ère (sa périodicité est d’un peu plus de 70 ans). C’est une comète dont le cycle est régulier, à l’inverse, les deux comètes que Yuji Hyakutaké a découvertes en moins de cinq semaines n’étaient pas du tout prévu dans le calendrier des astro­nomes. C’est la seconde qui nous inté­resse. Visible à l’oeil nu, elle était dans la constellation du Bouvier le 22 mars, puis très vite elle a traversé le Dragon, le 26 mars, elle frôle l’étoile polaire et file direction Persée où elle va se trou­ver les premiers jours d’avril.

Il est intéressant d’observer qu’à chaque prévision de parcours d’une comète, les hommes aujourd’hui n’arri­vent pas, malgré les progrès de la science à prévoir exactement la trajec­toire et la vitesse d’une comète. Lors du dernier passage de Halley, en 85-86, les prévisions de magnitude de la comète étaient fausses, la comète Hya­kutaké va deux fois plus vite qu’il avait été prévu. Elle a une magnitude bien supérieure aux prévisions ; en plus elle fait partie du club très fermé des trente comètes passées le plus près de la Ter­re depuis 2.000 ans. Le 25 mars, elle était à seulement 15 millions de kilo­mètres de la Terre, soit 0,1 unité astro­nomique, soit le dixième de la distance Terre-Soleil.

Plus la comète s’approche du Soleil, plus elle est difficile à trouver, car elle descend vers l’horizon, dans un ciel moins pur et de plus en plus clair.

Dans la croyance populaire, la comè­te était soit annonciatrice de malheur, soit de bonheur, de défaite ou de vic­toire, selon le camp. A la bataille d’Has­tings en avril 1066, la comète de Halley apparut de nouveau, pour Guillaume le Conquérant. Les chroniqueurs écrivi­rent « Les Normands, guidés par une comète, envahissent l’Angleterre ». Pour les Anglais, ce passage de la comète était signe de défaite. La tapis­serie de Bayeux représente sur 70 mètres de long naïvement cette comète et l’ébahissement des sujets de Guillaume le Conquérant.

Dans la belle mécanique céleste, si bien réglée, seules les comètes et les bolides et autres astéroïdes errant dans le système solaire échappent à la prévi­sion humaine à terme. Nous savons que l’univers est fait de violences et de collisions; il suffit de regarder tous les corps du système solaire, exceptée la Terre qui ont très souvent des cratères dans les cratères, tellement les points d’impacts sont nombreux.

L’année 1996 sera peut-être l’année des comètes et des éclipses. En effet, sans préjuger de nouvelles découvertes, en ce qui concerne les comètes, nous en auront quatre, les deux Hyakutaké, Hale Bopp et Szcze­panski.

Article publié dans le journal « La Montagne » en avril 1996

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