La Montagne

Ballade à la belle étoile

Vous avez déjà eu l’occasion de passer une partie de la nuit à la belle étoile, nous essayons de repérer des objets familiers : « Tiens, ca c’est la casserole ! » ; «d’attraper des étoiles filantes « c’est ma cinquième ! ». Nous aimerions comprendre un petit peu ce qui se passe là-haut, mais bof, c’est compliqué, il faut des engins qui coutent cher. Ce n’est pas pour nous.


Que de fausses idées nous traînons avec nous, et depuis trop long­temps. L’observation, la découverte du ciel commence à l’oeil nu, et il y a beaucoup de choses à regarder, à noter. Les constellations peuvent se trouver sur une carte. « On dirait que les étoiles n’ont pas toutes la même couleur ? C’est quoi ces taches floues ? » L’as­tronomie est une activité très riche que chacun peut pratiquer à son niveau, permettant d’aborder des techniques très variées.

Le soleil est une étoile, et les planètes, ce sont des débris d’étoiles, les étoiles naissent, vivent et meurent, nous sommes tous enfants des étoiles, les pla­nètes sont des astres froids qui tournent autour du soleil, Les hommes d’autrefois voyaient dans le ciel une voûte lointaine percée de mille trous à travers lesquels brûlaient les feux de la création. Noms d’animaux, d’outils, de dieux, pur produit de notre imagination, ces constellations que nous observons aujourd’hui brillaient de la même façon à l’âge préhistorique. 3.000 étoiles par une belle nuit profonde. 200 milliards dans notre galaxie.

Frontières fictives

Première observation : le ciel a été découpé en 89 parties, aux frontières fic­tives, chaque partie possède un nom, dans chaque constellation, les étoiles sont classées en fonction de leur lumino­sité dans l’ordre de l’alphabet grec, la plus brillante de la Grande Ourse devient alpha Grande Ourse, la suivante béta, ensuite gamma, puis delta, etc.

Parmi les constellations, il y en a que l’on voit toutes les nuits, qui ne se cou­chent jamais, d’autres sont associées à une saison favorable, et d’autres encore ne sont pas visibles de chez nous, mais dans l’hémisphère austral.

Les constellations proches du pôle céleste nord sont des repères faciles à trouver et servent de jalons pour situer les autres, par la méthode des aligne­ments. D’abord, chercher la Grande Our­se (qui est la véritable clef du ciel), sa forme est caractéristique, elle est basse sur l’horizon nord dans les soirées d’au­tomne-hiver et renversée au-dessus de nos têtes dans les soirées de printemps-été. Ensuite, prolonge cinq fois la distan­ce séparant les deux « roues arrière « du chariot. Cette ligne des Gardes aboutit à l’étoile polaire qui indique le nord (près de laquelle passerait le prolongement de l’axe de la terre s’il était matérialisé). Cet­te polaire, toujours à la même place, est un repère efficace, elle est le bout du timon du chariot de la Petite Ourse ; à l’opposé de la Grande Ourse par rapport à la Polaire se trouve un W aplati, c’est Cassiopée, la constellation du Dragon serpente entre les trois. Ces constella­tions ne se couchent jamais sous notre latitude.

Pendant les soirées d’automne, sous Cassiopée, apparaît un immense aligne­ment qui comprend Persée, Andromède et Pégase, divers alignements mènent à de faibles constellations : Triangle, Bélier, Baleine, Poissons… Pendant les soirées de printemps, la Grande Ourse mènera vers le Lion (dominante de printemps). L’arc de cercle de la queue de la G. O. prolongé, passe par Arcturus, Alpha du Bouvier, puis atteint la Vierge (à partir du Bouvier, on trouve la Couronne boréale et Hercule).

Le ciel d’hiver est dominé, vers le sud, par un immense losange d’étoiles écla­tantes qui conduit du Grand Chien au Taureau en traversant Orion.

Le ciel d’été est illuminé par le tri­angle menant de la bleutée Véga de la Lyre, à Deneb du Cygne et à Altaïr de l’Aigle.

Pendant l’année, la ligne Terre-Soleil balaie dans le ciel un grand cercle appelé écliptique (parce que s’y produisent les éclipses). L’écliptique traverse les douze constellations du Zodiaque, si une de ces constellations semble avoir une étoile brillante en trop, il s’agit d’une planète qui ne tardera pas à se déplacer en quelques jours. La Lune y passe aussi, ainsi que le Soleil, c’est l’autoroute du ciel.

La Voie Lactée, formée de milliards d’étoiles lointaines est notre galaxie vue en profondeur, elle traverse sous la forme d’une écharpe blanchâtre une grande partie du ciel. En été, par les nuits sans lune, de véritables nuées d’étoiles sont visibles du Sagittaire au Cygne, en passa­nt par l’Ecu de Sobieski et l’Aigle.

Courbes et boucles complexes

Les planètes se déplacent parmi les étoiles du zodiaque. Gravitant autour du soleil, elles semblent décrire des courbes et boucles complexes d’autant plus vastes qu’elles sont rapides et proches du soleil, selon que la Terre les rattrape ou les croise. Mercure et Vénus ne s’écartent que peu du soleil. Vénus sera visible à l’aube ou au crépuscule, Mercure très difficilement observable. Les planètes lointaines, Mars, Jupiter, Saturne sont pratiquement toujours éclai­rées de face. Pendant les périodes favo­rables (opposition), elles peuvent être visibles toute la nuit. Par la suite, les planètes intéressantes à observer avec un petit instrument sont : Vénus, dont on suit les phases, en croissant comme une minuscule lune puisqu’elle se trouve entre la terre et le soleil; Jupiter avec ses bandes, son disque aplati et ses quatre lunes ; Satur­ne avec ses anneaux.

La plupart des étoiles brillent tou­jours de la même façon, pour un observa­teur terrestre. Certains de ces soleils, proches ou très chauds sont dits de pre­mière grandeur (ou première magnitude), pour l’hémisphère Nord : Sirius, Véga, Capella, Arcturus, Rigel, Bételgeuse, Pro­cyon, Altaïr, Aldébaran…, d’autres de deuxième magnitude (étoile polaire, Grande Ourse), puis de 3′, 4’, 5′ et à la limite de l’oeil nu la 6’. Des jumelles per­mettent d’atteindre la 8′, 9′ ou même I0` grandeur.

Certaines étoiles n’ont pas un éclat fixe et constant, elles brillent plus ou moins et oscillent parfois avec une éton­nante régularité, parfois en parfaite incohérence, ce sont les étoiles variables (exemple Algol dans Persée).

Les vraies étoiles doubles sont atta­chées l’une à l’autre par la force d’attrac­tion (gravitationnelle) comme le sont la Terre et ta Lune, c’est la majorité des cas. La fausse étoile double est composée d’un couple optique qui fait paraître deux étoiles proches l’une de l’autre alors qu’une distance énorme les sépare.

Si les efforts pour identifier les constellations et leurs étoiles présentent des difficultés insurmontables ou si vous désirez aller plus loin, il existe toute une panoplie de solutions acheter une carte du ciel permanente, trouver un club d’astronomie ouvert, travailler d’abord avec ses yeux, persévérer dans vos efforts, fai­re des travaux pratiques d’observation. il faut seulement comme tout projet, toute activité, un minimum de préparation, Çà vaut peut-être le coup d’essayer. Non ?

Article publié dans le journal « La Montagne » en novembre 1995

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