Le ciel, pourquoi pas ?
Depuis l’aube de l’Histoire, personne n’a jamais levé les yeux vers le ciel avec indifférence. Le spectacle offert suscite le rêve, la poésie, la curiosité parce qu’Il a abrité le développement de toutes les cultures humaines dont nous sommes de près ou de loin les héritiers. Le ciel nous parle d’histoire, de science, mais aussi de la diversité des cultures humaines, d’art, de philosophie et de religion.
Le ciel et ses rythmes, réels ou imaginaires, ont joué le rôle d’un gigantesque jeu éducatif suspendu au-dessus de la tête de l’humanité comme un tableau noir étoilé, mais… sans l’ennui qui se dégage parfois en classe face à son cousin terrestre.
Faire du ciel le centre d’une activité, c’est donc s’ouvrir toute une gamme de possibilités, qui peut commencer par la création artistique mais aussi permettre d’apprendre et de comprendre en reprenant soi-même les chemins suivis historiquement par l’humanité… Mais ces activités peuvent aussi apporter d’autres types d’acquis développer le sens de l’observation, par exemple, un objectif souvent cité dans les projets éducatifs, peut être réinvesti dans d’autres domaines et dans la vie courante.
L’homme a tôt remarqué que l’étoile polaire était placée juste « au-dessus » du pôle Nord. Elle ne se lève ni ne se couche jamais et pointe toujours dans la même direction.
Quel cheminement a suivi le navigateur depuis les origines jusqu’à nos jours en ce qui concerne l’utilisation des astres pour se diriger et se situer sur la Terre ? Les Arabes, dans l’océan Indien, pendant des siècles, faisaient route loin des côtes vers le Nord ou le Sud. Ils observaient les étoiles à l’aide du Kamal, vulgaire planchette percée, traversée par une ficelle à noeuds. Chaque noeud représentait la latitude d’un port de la côte est d’Afrique ou de l’Arabie. Lorsque l’étoile observée coïncidait avec le noeud voulu, ils faisaient route à l’ouest vers la terre, et abordaient dans la région choisie. Ceci explique l’expansion arabe dans l’océan Indien jusqu’à Zanzibar, les Comores et le Mozambique. En Occident, les Portugais faisaient de même. En sortant du Tage, ils observaient la direction des « gardes » de la Grande Ourse à l’aide du nocturlabe, de façon à noter et à retrouver la situation exacte du ciel nocturne au moment de l’observation. A l’aide de l’arbalestrille (quel joli nom !), ils prenaient la hauteur exacte de la Polaire à ce moment. Faisant route au Sud, ils observaient la Polaire avec le ciel en même position qu’au départ, et la différence des hauteurs leur donnait la distance les séparant de Lisbonne. Ils savaient ainsi quand changer de route vers l’Ouest ou vers l’Est pour retrouver leurs comptoirs et pour en revenir.
Ce système de navigation «en latitude» explique comme pour les Arabes, l’expansion portugaise vers le sud de l’Atlantique : Açores, îles du Cap Vert, Brésil, tour de l’Afrique. Puis vint une découverte intéressante de la fin du Moyen Age en Occident, mais connue de longue date par les Chinois, la boussole. D’après ce que nous venons de dire, il semblerait que la navigation astronomique était au point au XVII’ siècle documents précis, instruments précis, technique éprouvée. Il n’en est rien, car le plus important problème subsistait, celui de la longitude. La solution était la montre, qui n’est apparue qu’à la fin du XIX’ siècle (elles devaient être précises, sûres, exactes, robustes et fidèles) sur les navires. Il n’est pourtant pas difficile de trouver la longitude d’un lieu ! Nous savons tous que lorsqu’il est midi à Paris, il est déjà 15 heures à Moscou, il n’est encore que 10 heures aux Açores et 7 heures à New York. Ceci est dû à la différence de longitude entre ces points la Terre tournant sur elle-même d’ouest en est et le Soleil se déplaçant d’est en ouest passera d’abord à Moscou, puis à Paris, puis aux Açores et enfin à New York. Il fait le tour en 24 heures, 360° en 24 heures, soit en une heure 15°. Le principe consiste à comparer l’heure locale déterminée par observation du Soleil, avec l’heure d’un méridien d’origine, Greenwich, son heure est appelée: Temps Universel (TU).
Mais aujourd’hui, nous avons le GPS.
Article publié dans le journal « La Montagne » en juin 1997