Les mystères du calendrier
Le calendrier est un ensemble très organisé par l’homme. Sa structure actuelle est un mélange de traditions très ancienne et d’astronomie, le tout organisé autour de savants calculs.
La durée du jour est donnée par la rotation de la Terre. Mais rien ne tombe juste, car la Terre subit des irrégularités : le ralentissement séculaire (attribué à l’effet de dissipation lié aux marées), une variation saisonnière (les mouvements de l’atmosphère provoquent une variation de la distribution des masses qui modifient le moment d’inertie du globe terrestre), des termes périodiques (d’origine lunaire ou solaire), des fluctuations irrégulières (couplage entre le noyau et le manteau de la Terre).
C’est pour ces raisons que la durée du jour a cédé son rôle d’étalon temps et c’est l’année qui lui a succédé. Remarque assez curieuse, la rotation de la Terre sur elle-même et sa révolution annuelle autour du Soleil sont deux faits absolument indépendants l’un de l’autre et qui n’ont pas entre eux de commune mesure. La révolution de la Terre autour du Soleil dure 365 jours un quart, donc tous les quatre ans, on ajoute un jour : ce sont les années bissextiles. Ce quart n’étant pas lui même tout à fait exact, on est obligé de faire le ménage périodiquement.
C’est ce qui est arrivé en 1582, quand le pape Grégoire XIII décida la réforme du calendrier, on dut ajouter cette année-là dix jours accumulés depuis Jules César, le 5 octobre 1582 s’appela le 15 dans tous les pays catholiques, La durée exacte de l’année tropique (la révolution des saisons) est de 365,24219878 jours.
En réalité, le mouvement de la Terre autour du Soleil est perturbé sur des périodes suffisamment courtes (26.000 ans pour la précession des équinoxes dans le sens rétrograde et 100.000 ans pour la précession du périhélie, dans le sens direct), ce qui a donné l’année anomalistique il existe aussi une année sidérale (période qui sépare le retour du Soleil dans la même région du ciel par rapport aux étoiles.
Le calendrier dont nous faisons usage tente de reproduire au plus près l’année tropique. Quant à la semaine, ce sont les Hébreux qui l’ont répandue après en avoir hérité des Chaldéens. Lundi : jour de la Lune ; mardi jour de Mars ; mercredi : Jour de Mercure ; jeudi : jour de Jupiter: vendredi : jour de Vénus ; samedi : jour de Saturne ; dimanche : jour du Soleil.
L’année romaine commençait le premier mars et les douze mois étaient ainsi réglés : mars, dieu Mars ; Aprilis, avril Aphrodite (Vénus); mai : Maïa (déesse de la Croissance) ; juin : Junius (déesse Junon) ; Quintilius (cinquième) qui est devenu Julius, juillet pour honorer Jules César ; Sextilis (sixième) qui est devenu Augustus, en mémoire d’Auguste : août ; septembre septième ; octobre : huitième ; novembre : neuvième ; décembre : dixième ; janvier Januarus, dieu Janus ; février februo, dieu des morts. Ainsi les noms des mois n’ont rien de commun, ni avec le calendrier chrétien (puisqu’ils sont païens), ni avec leur propre origine (puisqu’Ils sont transposés).
L’homme, pour mesurer le temps, a utilisé successivement les os gravés, les galets aziléens (de Mas d’Azil dans l’Ariège), les mégalithes (calendrier lunaire de Knowth en Irlande, Stonehenge en Angleterre, Carnac), cadrans solaires et clepsydres (horloges à eau), sabliers, horloges.
La Lune a servi de base à beaucoup de calendriers. La lune effectue un peu plus de douze tours par an et, en conséquence, elle se déplace dans le zodiaque beaucoup plus rapidement que le soleil. Une lunaison dure 29 jours 12 h 44 mn 2,82 sec, Le passage au méridien de la Lune se décale de jour en jour de 48 secondes, retard par rapport au soleil.
Même si le mouvement de la Lune comporte de nombreuses inégalités, la valeur moyenne de la lunaison peut être connue avec une bonne précision ; la durée de la lunaison n’est pas un nombre entier de jours, mais la partie décimale équivaut à peu près à une demi-journée. Ainsi, en alternant des mois de 30 et des mois de 29 jours, on suit la lune avec une bonne précision.
Les principaux calendriers sont classés en quatre grandes catégories : vagues (sur le modèle égyptien), solaires (Grégorien, Julien, républicain, Copte) lunaires (musulman), luni-solaires (grec, mésopotamien, juif, chinois, hindou, Cambodge et Laos, ère birmane, ère bouddhique, celte).
Le calcul de la date de Pâques est certainement le problème de calendrier le plus complexe qui soit. Sur le Calendrier de La Poste, pour l’année 1998, sous le mois de février, vous avez le détail du comput ecclésiastique : Epacte = 2, Lettre dominicale = D, Cycle solaire = 19, nombre d’or = 4, indiction romaine = 6. Le cycle solaire : sur deux calendriers séparés de dix-neuf ans, les phases de la Lune sont identiques (cycle de Meton), tous les vingt-huit ans on retrouve les mêmes jours de la semaine aux mêmes dates de l’année. L’épacte est l’âge de la Lune au 31 décembre précédent le premier janvier de l’année considérée, en convenant d’appeler 0 son âge à la NL, dans notre cas = 2. La lettre dominicale est la lettre qui désigne le premier dimanche de l’année, le premier janvier étant affecté de la lettre A, pour 1998 = D. Le cycle solaire est la période à l’expiration de laquelle l’année commence par le même jour de la semaine = 19 pour 1998. Le nombre d’or, c’est le rang d’une année dans le cycle de Méton (19 ans soit 235 lunaisons). L’indiction romaine a perdu de son utilité et son seul intérêt réside dans l’application qu’en a fait Scaliger (1583) pour créer sa période de 15 x 28 x19 = 7 980 ans, année où le nombre d’or, l’indiction romaine et la lettre dominicale sont égaux à 1. Plus simplement, on peut dire que la fête de Pâques est le dimanche qui suit la pleine lune après l’équinoxe de printemps, soit entre le 22 mars et le 25 avril.
Le XX° siècle et le deuxième millénaire s’achèveront le 31 décembre de l’an 2000.
Article publié dans le journal « La Montagne » en décembre 1997