Nuit des étoiles
Harmonie du soir
Voici venir les temps où vibrant sur sa tige
Chaque fleur s’évapore ainsi qu’un encensoir ;
Les sons et les parfums tournent dans l’ait du soir ;
Valse mélancolique et langoureux vertige…
CHARLES BEAUDELAIRE à la rescousse pour mieux vous donner l’envie de vivre un crépuscule complet au mois d’août. Le spectacle d’une nuit étoilée est fantastique (et gratuit) : les « fastes » des réalisateurs de cinéma les plus téméraires font figure d’aimables plaisanteries à côté des merveilles du ciel : galaxies, nébuleuses, planètes, étoiles, constituent les choses les plus admirables pour qui sait prendre le temps de les observer : ne nous en privons pas et mettons-nous en « plein les yeux ».
Dès que le soleil a disparu derrière l’horizon, commence ce que l’on appelle le crépuscule civil, qui débute le soir au coucher du soleil et finit au moment où le centre de cet astre est abaissé de 6° au dessous de l’horizon. A ce moment, si le temps est clair, commencent à paraître, en août, les planètes ; Vénus au sud-ouest, Mars au sud, Jupiter à l’est. A quelques minutes, les étoiles de première grandeur : Arcturus dans le Bouvier, puis le triangle d’été : Véga de la Lyre, Deneb du Cygne, Altaïr de l’Aigle, Antarès du Scorpion.
Le crépuscule nautique suit le crépuscule civil, une demi-heure après le coucher du soleil, il finit au moment où le centre de cet astre est abaissé de 12° au-dessous de l’horizon. A ce moment, si le temps est clair, commencent à paraître dans le Sextant du Marin les étoiles de deuxième grandeur, alors que la ligne d’horizon est encore visible ; les constellations commencent à prendre forme.
Le crépuscule astronomique suit le crépuscule nautique, une heure après le coucher du Soleil il finit au moment où le centre de cet astre est abaissé de 18° au-dessus de l’horizon. A ce moment, si le temps est clair et si vous n’êtes pas gêné par l’éclairage nocturne, apparaissent à l’oeil nu les étoiles de sixième grandeur ; il fait nuit.
Comment faites-vous pour vous y retrouver parmi toutes ces étoiles ? Question souvent posée par les curieux lors des sorties publics d’observation du ciel. Il est vrai qu’à priori toutes les étoiles semblent avoir plus ou moins le même aspect ; on note bien que certaines sont plus lumineuses que d’autres mais c’est tout… et pourtant I chaque étoile a ses caractéristiques.
Dès qu’un animateur commence à parler au « grand public » des distances qui nous séparent des étoiles et des galaxies, on volt s’agrandir démesurément les yeux des observateurs d’un soir : des milliards de kilomètres se bousculent dans leur tête…
L’année lumière est la distance parcourue par la lumière en un an. Nous savons que, dans le vide, la lumière se déplace à presque 300.000 km à la seconde ; en un an, elle parcourt 10.000 milliards de km. L’unité de référence la plus simple à comprendre est l’année-lumière (AL).
Toutes les étoiles que nous voyons le soir sont des soleils et appartiennent à notre galaxie ; étant donné que nous sommes au bord de celle-ci et qu’elle mesure environ 100.000 AL de longueur, aucune des étoiles que nous voyons ne dépasse cette distance. Hipparcos, l’arpenteur du ciel, a mesuré les distances exactes, L’étoile la plus proche de notre soleil (qui est à 8 minutes lumière de la terre), Proxima du Centaure, est à 4,40 AL ; Sirius du Grand Chien est à 8,61 AL ; Procyon du Petit Chien à 11,4 ; Altaïr de l’Aigle à 16,8 ; Véga de la Lyre à 25,3 Arcturus du Bouvier à 37 AL ; Dénébola du Lion à 36 AL ; Fomalhaut du Poisson Austral à 25 AL ; l’étoile polaire est à 430 AL Antarès du Scorpion à 700 AL Deneb du Cygne est à 3000 AL mais à une luminosité de 300 000 fois notre Soleil.
L’oeil humain permet de voir 2,500 étoiles à la fois (environ 6,000 au cours d’une année), Vénus brûle ses derniers feux à l’horizon et la nuit est presque là. C’est une heure importante : celle où les principales étoiles apparaissent. La première au zénith, c’est Vega de la Lyre, et puis il y a aussi Deneb du Cygne et Altaïr de l’Aigle ; trois étoiles brillantes, très éloignées les unes des autres dans le ciel et qui forment le Triangle d’été, la clé de voûte de tous les alignements de cette nuit du mois d’août. A l’horizon sud-est une lumière éclatante fait son apparition. Son éclat est imposant, c’est la planéte Jupiter.
Article publié dans le journal « La Montagne » en août 1997