Veillée d’astronomie
Le gros télescope avait été débâché, la mallette d’accessoires préparée, la nuit de juillet était belle, la Voie Lactée dévoilait ses splendeurs, nous avions prévu des vêtements chauds pour la deuxième partie de la nuit.
- Et par où comptes-tu engager l’observation des étoiles variables, Christophe ?
- Voici mon programme, Gérard. D’abord régler le chercheur réticulé, en prenant par exemple Jupiter comme repère, ensuite partir vers Hercule qui est au zénith et observer alpha Hercule qui est une variable irrégulière.
Christophe prit un oculaire grand champ et à faible grossissement de 25 et pointa Jupiter.
Certaines étoiles présentent des variations de leur éclat : elles sont appelées « étoiles variables ». Une multitude d’objets sont concernés par cette définition, leur variabilité peut avoir une origine très différente. Une étoile est définie comme variable à partir du moment où des variations de sa magnitude sont observables. Le principe de la détection des étoiles variables est indépendant de leur nature : il consiste à comparer des mesures de la magnitude d’une même étoile obtenues à des dates différentes, avec d’autres magnitudes d’étoiles considérées comme constantes.
Le réglage de la mollette qui permet à chaque observateur de régler l’oculaire à sa vue prit quelques instants
- Il se passe quelque chose dans Jupiter il faut que je grossisse l’image. Stanislas (le troisième complice de l’opération) passa à Christophe un oculaire de 12,5.
- Il y a deux énormes tâches, de la taille de la Terre, dans l’hémisphère sud de Jupiter. Les deux complices vérifièrent, c’était exact. A l’oculaire de 5, c’était encore plus frappant,
La chasse aux variables était terminée, l’équipe se mit à vérifier le ballet des quatre satellites galiléens de Jupiter (lo, Europe, Ganymède et Callisto) car, malgré sa taille, Jupiter tourne sur lui-même en moins de 10 heures. Tout était normal.
Nous étions en juillet 1994, les morceaux de la comète Shoemaker-Levy venaient de percuter Jupiter, avec une rare violence. La parenté des astéroïdes et des comètes et la nécessité d’une meilleure connaissance de ces petits corps pour retracer l’histoire primitive du système solaire expliquent l’intérêt porté aujourd’hui à ces objets. Sur la Terre, qui n’est pas à l’abri d’une telle catastrophe, la prévention s’organise : des télescopes scrutent le ciel à la recherche d’astéroïdes menaçants ; des missions spatiales se préparent pour étudier ces cailloux errants. C’est un monde peuplé de millions de petites planètes qui se découvre. Il y aurait deux réservoirs de comètes, la ceinture de Kuiper à 6 heures lumière ou 40 UA du Soleil (1 UA est la distance Terre-Soleil), et le nuage de Oort entre 1 à 2 années-lumière.
Des corps de quelques kilomètres de diamètre qui, de temps en temps, vraisemblablement en raison de perturbations gravitationnelles, plongent vers le coeur du système solaire, se brûlent les ailes à la fournaise stellaire, s’y abîment parfois, mais, le plus souvent, croisent silencieusement entre les planètes… sans que personne s’en inquiétât. Du moins jusqu’à récemment.
Quant aux astéroïdes, la plupart se concentrent entre l’orbite de Mars et celle de Jupiter. Certains astéroïdes toutefois s’écartent notablement de la zone dans laquelle la majorité reste cantonnée. Leurs orbites très excentriques leurs permettent de se rapprocher périodiquement de la Terre, de Vénus, voire de Mercure. Cérès, Pallas et Vesta ont respectivement 930, 520 et 500 km de diamètre. Un millier ont un diamètre supérieur à 30 km; plus de 200, un diamètre supérieur à 100 km, un million un diamètre supérieur ou égal à 1 km.
L’univers est fait de violences et de collisions, les cratères de la Lune sont l’illustration de la violence des bombardements essuyés par notre satellite ; prés de 1.000 impacts sont visibles à la surface de l’étoile du Berger (la planète Vénus). La Terre garde encore le souvenir des anciens chocs : Tunguska le 30 juin 1908 en Sibérie, vraisemblablement dù à l’explosion dans l’atmosphère d’un astéroïde pierreux, 1.000 km de forêts ont été soufflés sous la violence d’une déflagration énorme. A la limite Crétacé-tertiaire, une hypothèse attribue la fin des dinosaures à la collision avec la Terre d’un astéroïde d’une dizaine de kilomètres dans la région du Yucatàn, dans lé golfe du Mexique, les dimensions du cratère de Chixculub sont de 180 km.
Article publié dans le journal « La Montagne » en septembre 1997