La Montagne

Le ciel peut-il nous tomber sur la tête ?

COMÈTES, étoiles filantes, bolides, météores, météorites, pierres tombées du ciel, aérolithes, pous­sières d’étoiles, astéroïdes : pour hier, aujourd’hui : géo croiseurs… Le vocabu­laire des hommes est très riche dans ce domaine, car depuis le début de l’his­toire de l’humanité le risque, minime certes, est permanent, de voir le ciel nous tomber sur la tête. Notre Terre possède un bouclier unique dans le système solaire, notre atmosphère nous protège d’une part des objets venus du ciel, d’autre part des rayons très éner­gétiques du Soleil comme les rayons Gamma, les rayons X ou ultraviolets afin de faciliter le développement de la vie sur Terre (cette protection des ultravio­lets n’est pas totale, on peut se brûler en prenant un bain de soleil prolongé). Notre Terre n’aurait sans doute jamais pu accueillir la vie si elle n’avait été bombardée par des poussières et autres bolides venus tout droit de l’espace.

Les comètes

Venues d’un vaste réservoir, le nua­ge de OORT s’étendant entre I et 2 années-lumière du Soleil, ou de la ceinture de Kuiper, plus proche, elle en seraient arrachées par des collisions internes à cet anneau ; après la collision, elles « tombent » en quelque sor­te vers le Soleil.

Quand elles quittent le système solaire, c’est que leur trajectoi­re a été perturbée par une grosse pla­nète, lupiter par exemple, mais la plu­part du temps, c’est l’éclatement et la dispersion météoritique. Jupiter est un bouclier de protection pour la Terre, l’exemple de la fin des morceaux de la comète de Shoemaker-Levy en est l’illustration, vingt morceaux d’une taille de I kilomètre sont entrés dans Jupiter (planète gazeuse), chaque impact avait la taille de la Terre. Ayant eu la chance de repérer depuis Bracou à minuit dans un télescope puissant, trois de ces taches dans la partie sud de Jupiter, nous nous sommes surpris à vérifier le bon fonctionnement des quatre satel­lites galiléens de Jupiter, craignant que l’impact n’ait déréglé la belle méca­nique de leur fonctionnement. Nos ancêtres connaissaient-ils cette particu­larité de Jupiter quand ils en ont fait le Dieu des Dieux ?

D’après les derniers calculs, il exis­terait plusieurs millions de comètes aux confins du système solaire.

Le Soleil agit sur la comète d’abord par son attraction qui produit un effet de marée atmosphérique analogue à celle de la Terre, ensuite par sa chaleur, chauffant le noyau, dilatant les gaz, ensuite encore par l’électricité et le magnétisme des courants contraires, des attractions et des répulsions, enfin la force de radiation qui explique la partie courbe et le vent solaire qui explique le jet droit dirigé à l’opposé du Soleil.

L’apparition d’une étoile filante est un fait très fréquent, plus rare, le passa­ge d’un bolide enflammé, globe de feu laissant une traînée lumineuse derrière lui et parfois éclatant dans une explo­sion semblable à un coup de canon.

La vitesse avec laquelle ces pous­sières du monde rencontrent la Terre est de 72 kilomètres/seconde pour celles qui arrivent de face. A moins d’être un aérolithe massif, et d’avoir un poids entre quelques grammes et quelques tonnes, toute étoile filante rencontrant la Terre doit se fondre par la seule transformation de son mouve­ment en chaleur en pénétrant dans notre atmosphère, s’y absorber, et n’arriver ensuite que lentement sous forme de poussière à la surface de la Terre. Au siècle dernier, Camille Flam­marion avait calculé que 400 millions d’étoiles filantes tombaient chaque jour sur la Terre. Le globe terrestre vogue au sein d’un espace rempli de corpuscules divers circulant dans tous les sens.

La violence des bombardements essuyés au cours des 4,5 milliards d’années d’existence du système solai­re a été illustrée par un événement dont l’homme a été le témoin pour la première fois dans l’histoire de l’huma­nité (ou tout au moins celui-là laissera des traces, images et textes). En effet, entre le 16 juillet et le 22 juillet 1994, la collision entre les vingt morceaux brisés de la comète Shoemaker-Levy et Jupi­ter a été suivie par le monde entier. Le nombre de cratères sur la Lune illustre le nombre d’impacts du fait de comètes ou d’astéroïdes. La surface de Mercure rappelle la surface de la Lune, Vénus, bien qu’ayant subi il y a 400 millions d’années des modifications géolo­giques, ne compte pas moins de 1.000 cratères d’impact dont un de 280 kilomètres. Mars, entourée par une très fine atmosphère, comparable à cel­le de la Terre à 30 kilomètres de hau­teur, est recouvert de cratères d’impact, surtout dans l’hémisphère sud. Jupiter ne possède pas de surface solide : son noyau et ses couches superficielles sont constituées essentiellement d’hydrogè­ne liquide, c’est pourquoi les morceaux de la comète ont été engloutis comme un cochonnet de pétanque dans un plat de crème Chantilly.

L’analyse des différents satellites des planètes du système solaire est aussi significative : Mercure et Vénus n’ont pas de satellites naturels, Mars possède deux petits satellites: Phobos et Déimos dont la surface est saturée de cratères, pour mémoire, notre Lune est couturée de cicatrices ; parmi les nombreux satellites de Jupiter, nous nous intéresserons aujourd’hui aux quatre satellites galiléens (découverts par Galilée le 7 janvier 1610). 10 est le plus actif du système solaire, les sondes y ont découvert huit volcans en activité qui modifient en permanence la surface d’Io, ce volcanisme est créé par un effet de marée causé par Jupiter. Sur lo, pas de trace d’impact, les pierres du ciel entrent dans la matière en fusion sans laisser de traces. Europe, surface très jeune composée de glace lisse et très claire, pas de traces de cratères. Ganymède (plus grande que Mercure), dont la surface est plus ancienne, est marquée par de nombreux cratères, elle ressemble un peu à la Lune. Callis­to, boule de glace sale, est marquée par de nombreux cratères d’impacts. Satur­ne a dix-sept satellites identifiés, les quatre principaux sont Titan, qui est le seul satellite du système solaire à pos­séder une atmosphère (composée d’azote, avec des traces de méthane et d’hydrocarbures) semble en partie pro­tégé par son atmosphère, Thétys est plein de cratères, Rhéa et Dioné dont la surface est entièrement cratérisée.

Le ciel peut-il nous tomber sur la tête ? sera le thème de la 5ème Nuit des Etoiles qui aura lieu le vendredi 4 août 1995, de 22 h 30 à 1 h 30. Avec la partici­pation de France 2, France Inter, des Radios France Bourgogne, Loire Océan, Normandie et Provence (radios locales par minitel 3615 Radio France), Téléra­ma et Télérama Junior, Okapi, Ciel et Espace, l’ANSTJ Sciences Techniques Jeunesse, l’Association française d’astronomie, la Société astronomique de France, le Secrétariat d’Etat à la Recherche et 170 sites d’observation, La tour Eiffel s’éteindra cette nuit-là et des astronomes de la SAF inviteront les visiteurs depuis le deuxième étage du monument à partager leurs observa­tions.

Article publié dans le journal « La Montagne » en août 1995

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